COMMENT PROGRESSER: DU DEBUTANT AU PHOTOGRAPHE EXPERIMENTE: TROIS PISTES CONCRETES !

Jambes de dos montant un escalier.

 Pas facile de savoir par où commencer, ou tout simplement comment faire lorsqu'on débute en photographie.

Alors bien entendu, je ne vais pas vous parler dans cet article de tout l'aspect Technique du métier. J'entends par là apprendre à utiliser son appareil numérique; ses ordinateurs; ses logiciels de traitements etc, etc... tout cela est TRES IMPORTANT  et c'est même la base avant la base.....

En effet, apprendre à se servir de tout son matos est indispensable et vous devez commencer par ça, c'est évident. Alors prenez le temps qu'il faut mais gardez aussi à l'esprit que le matériel évolue continuellement et qu'il faudra donc vous former et rester à la pointe de la technologie régulièrement (attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: rester à la pointe ne veux pas dire qu'il faut changer de matos tous les deux ans, sinon vous allez devoir en faire des shootings.....!) 

Pour faire simple et clôturer le chapitre du matériel qui ne sera pas traité dans cet article, je ne peux que vous conseiller de changer de matériel photo.... quand celui meurt (autrement dit quelques années pour le boitier -personnellement cela fait six ans que je shoote avec le même-), et de faire vos mises à jours et passages aux versions supérieures de vos logiciels de traitement photo régulièrement.

En fait je voudrais traiter dans cet article le thème de la progression en terme d'expérience; d'actions concrètes à mettre en place pour que votre expertise dans le domaine photographique que vous vous êtes choisit soit réelle, éclairée et reconnue par vos prospects et clients.

Toujours basé sur mes lectures d'inspiration et sur mon expérience, je vous livre donc trois pistes que je m'efforce de suivre depuis mes débuts de photographe !

Bonne lecture !


PISTE 1: EDUQUER SON OEIL.

Pourquoi?

Cela paraît peut-être un peu barbare dit comme cela, mais cela n'a rien de très compliqué ! 
C'est un travaille de longue haleine, qui n'aura jamais de fin et qui est d'une importance capitale pour la qualité future de vos prestations.

Eduquer son oeil c'est lui apprendre à regarder de belles choses; lui créer des habitudes visuelles afin qu'il se familiarise doucement avec certains codes de la discipline qui vous plaît et que vous aurez choisi d'exercer.
Car oui, je pense qu'il faut se spécialiser pour être le plus pertinent possible (voir à ce sujet l'article "Photographe: se spécialiser ou pas?"

Mais cette phase du processus si importante ne sera finalement pas quelque chose d'insurmontable ou d'insupportable, bien au contraire.
Il faudra "donner à manger" à votre oeil, et donc consommer beaucoup d'images de magazines, de sites web, de photographes dont vous appréciez le travail mais aussi de peintres.

Cela fait partie des habitudes à prendre en main et à pratiquer régulièrement suivant un rythme qui vous sera propre.

Et au fur et à mesure de votre avancement dans la consommation d'images, vous pourrez par la suite enrichir la "grille de lecture" que vous proposez à votre oeil en allant plus loin et en détectant les aspects purement techniques qui participent à la construction d'une image comme par exemple:
  • les lignes de fuite
  • la disposition des masses
  • la complémentarité des couleurs
  • nombre d'or et règle des tiers
  • etc...
A force de tendre et d'être inspiré par les images qui vous plaisent le plus et vers lesquelles vous souhaitez vous identifier, votre oeil enverra des signaux de satisfaction à votre cerveau et le processus d'identification faisant son chemin et son travail, vous ne serez plus sensible qu'à un style d'image. Et çà, ça vous fera avancer à toute vitesse vers une pratique pertinente de votre spécialité.

Car ce que vous aurez appris à décortiquer, à comprendre et sur lequel vous aurez passé du temps vous sera rendu rapidement. En effet, vous serez en mesure de le dupliquer et de l'appliquer à vos propres images instantanément !

Comment?

  • Consommer de belles images et peintures:
J'ai déjà un peu évoqué plus haut ce premier point pour savoir comment vous y prendre pour habituer votre oeil à voir et consommer du "beau".

             1/ Il y a donc l'habitude la plus basique qui consiste à regarder beaucoup d'images; de peintures qui sont dans votre coeur de métier.  Ce sera une lecture dédiée exclusivement à votre spécialité. Vous consommerez le style d'images qui vous inspirent, que vous aimeriez faire, mais surtout que vous pourriez tout à fait proposer à un client à un moment donné (il s'agit de rester dans l'idéal atteignable).


          2/ Il y a aussi à mon sens une seconde lecture à proposer à votre oeil, peut-être moins atteignable mais qui reste cohérente avec votre spécialité. Dans ce cas de figure, il ne s'agit peut-être pas de quelque chose de réalisable pour vous, soit en terme de compétence ou bien parce que vous ne le souhaitez pas, mais ce n'est pas si fou et ça pourrait très bien le devenir. C'est juste moins atteignable que la première lecture. Dans ce cas-là, il s'agit de vous faire un peu rêver sans être non plus si fou que cela afin de gagner en "souplesse visuelle" et d'avoir ainsi une liberté; une bouffée d'oxygène visuelle lors de vos shootings. 

Afin que ce soit plus clair, je vais donner un exemple de mon expérience pour les deux lectures:

      Ma cible prioritaire et numéro une reste les agences immobilières de vente/location de prestige proposant des produits très luxueux. Ce sont des biens qui se vendent à plus d'un millions d'euros et des locations à la semaine entre 5000 et 25000 euros, voire plus.

Ce genre de prestation accepte peu l'erreur en terme de shooting car il y a toute une infrastructure, une organisation humaine. En effet, les propriétés (surtout pour la location de prestige) sont souvent gérées par des intendants à l'année avec toute une équipe à disposition. 
Lorsque je planifie un shooting avec l'intendant, cela veut dire que tous les corps de métiers seront venus et auront préparé la maison afin que le shooting se passe dans les meilleures conditions possibles (jardinier; pisciniste; femme de ménage etc, etc...). Autant dire qu'on me pardonnera difficilement un épisode météo désastreux (même si ce n'est pas moi qui commande la météo!)

      1/ Le premier travail que j'aurais réalisé en amont de ma spécialité de shootings de prestige aura été par exemple d'habituer mon oeil à regarder beaucoup de shootings réalisés aux USA exclusivement, avec les plus grosses agences immobilières et des biens se vendant à plus de 40 millions de dollars et/ou se louant à plus de 50 000 euros la semaine.
Les photos pour ces biens sont impeccables bien sûr, mais avec des codes bien précis que j'applique à mes propres photos. 
A force de consommer ce style d'image, mon oeil finira par intégrer le processus et surtout la qualité des images que je voient continuellement et recherchera à l'intégrer naturellement dans mes propres shootings. 

C'est donc parfait pour une première lecture qui est pile poil dans mon coeur de cible avec un cran clairement au-dessus en terme de rendu photo, mais qui reste quelque chose de très réalisable et auquel j'aspire de toute façon sur du moyen terme (idéal atteignable).

    2/ Ma seconde lecture visuelle pour ce style de shootings ne sera (comme je l'ai dit plus haut) pas forcément centrée sur mon coeur de cible, mais légèrement décalée tout en restant dans le thème.
Par exemple, j'aime beaucoup m'abreuver d'images de grands hôtels luxueux de part le monde. Que ce soit dans le groupe ACCOR; RESORT HOTEL ou d'autres, de grands groupes postent toujours des photos incroyables, parfaites dans tout ce qui représente une image (shooting; cadrage; post-production; stylisme; cohérence de l'ensemble etc....).
C'est pour moi (et donc pour mon oeil), la référence ultime de la photo immobilière. Car pour moi, savoir photographier de grandes chaînes hôtelières demande une pratique tellement parfaite dans sa conception et dans sa réalisation que l'immobilier de prestige même à son plus haut niveau sera toujours un cran en-dessous.

C'est donc parfait pour une seconde lecture, qui n'est pas tout à fait dans mon coeur de cible.
C'est aussi clairement un idéal non atteignable personnellement pour le moment et que je ne souhaite pas forcément.
Malgré tout, cela reste faisable sur le long terme (je ne refuserai pas une offre du groupe ACCOR, je vous rassure !), et en tout cas fait suffisamment rêver mon oeil pour que j'essaye d'intégrer dans mes shootings les plus prestigieux quelques touches que j'aurais déceler et qui donneront un petit plus à l'image finale (souplesse visuelle; bouffée d'oxygène).


PISTE 2: PRATIQUER ET IMITER.

Comme dirait le regretté David Bowie: 

Le seul Art que j'étudierai jamais est celui que je peux piller.

Cela résume parfaitement toute la création Artistique de manière très généraliste, mais aussi ce qui gravite autour. Et ma discipline gravite autour de cela; la discipline photographique que vous aurez choisi d'exercer afin d'en devenir un expert gravitera autour de l'Art et de la création pure.

Personnellement, mes photos ne sont pas artistiques dans le sens premier du terme, mais elles ont un côté unique de part ce qu'elles représentent, et surtout de la manière dont elles ont été construites, de l'idée à la réalisation et cela même si ce ne sont que des photos immobilières.

Il est très difficile de partir de rien dans notre discipline, et pour se lancer il faut bien avoir des références pour savoir vers où tendre. Beaucoup d'artistes de tout horizons se sont appropriés des oeuvres pour les adapter à leur discipline, à leur susceptibilité et leur vérité.

Finalement on peut se risquer à dire que rien n'est original et comme l'affirme Jean Cocteau:

 Toutes choses sont dites déjà; mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer.

Après vous avoir abreuvé d'images comme cité au paragraphe précédent, vous devrez commencer à imiter pour progresser et surtout pour vous créer votre propre style issu de la copie de vos références personnelles ! Mais ne soyez pas surpris car on ne fait que se servir de ce qui existe déjà pour se l'approprier depuis la nuit des temps !

Même la bible le dit (Ecclésiaste 1,9):

Il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

 Rien de neuf donc ni de choquant car depuis notre plus jeune âge nous apprenons en imitant les adultes, et en l'occurrence nos parents qui sont nos références et le restent pendant longtemps.

Nous parlons bien d'entraînement et non pas de plagiat. Le plagiaire veut faire passer pour sien le travail de quelqu'un d'autre, tandis que la copie est une forme de rétro-ingénierie: imaginez un mécanicien qui démantèle une voiture pour savoir comment elle fonctionne.

Nous apprenons à écrire en copiant l'alphabet. Les musiciens apprennent à jouer en faisant des gammes. Les peintres apprennent à peindre en reproduisant des grands maîtres. Les photographes apprennent à photographier en shootant à la manière de....


Servez-vous: c'est ce que nous voulons. Piquez-nous des trucs quand vous commencez, parce que vous ne pouvez rien nous voler. Vous ne faites que prendre ce que nous vous donnons pour l'intégrer à votre propre voix. C'est comme ça et, un beau jour, c'est à vous que quelqu'un d'autre viendra piquer des trucs.

Francis Ford Coppola. 


N'hésitez donc surtout pas , à vos débuts mais aussi durant toute votre progression, à reproduire ce que vous aimez, peu importe si vous avez le sentiment que ce n'est pas vraiment de vous (syndrome de l'imposteur?), c'est une des clés du bon chemin à prendre pour avancer sereinement.


PISTE 3: DISSEQUER ET ANALYSER.


Il faudra bien vous y faire; si vous faites des photos.... c'est pour les montrer. Ca veut dire lâcher ses créations dans la nature, exposées aux critiques de tout bords !

C'est indispensable pour progresser rapidement ! Et c'est aussi très difficile de se prendre des revers lorsqu'on a travaillé dur pour terminer une photo et qu'elle reçoit beaucoup de critiques négatives.... Mais encore une fois, c'est absolument nécessaire, et j'oserai même dire qu'à vos débuts vous n'avez pas besoin qu'on vous dise que vos photos sont bien (car honnêtement c'est rarement le cas !) mais bien qu'on vous mette le nez sur ce qui ne va pas et sur ce qui est franchement mauvais !!

Pas d'inquiétude, si vous arrivez à dompter votre égo, (cela vous prendra un jour ou deux), vous pourrez ensuite analyser calmement vos images et les commentaires qui vont avec.

Personnellement je crois que c'est l'étape qui m'a le plus fait progresser: accepter de montrer ses images et d'essuyer les plâtres pour pouvoir passer un cap.

Vous n'avez pas besoin d'exposer vos images à un festival ou dans un magazine; votre entourage proche (à conditions qu'il ait une certaine sensibilité) fera l'affaire, ou une personne de confiance qui vous dira la vérité sans vous ménager!

Ca secoue, c'est sûr; ce n'est pas très agréable, c'est sûr; vous allez monter d'un niveau très rapidement, çà aussi c'est sûr !!

Il faudra accepter les critiques mais aussi les comprendre. Car si l'on est tous plus ou moins d'accord sur le fait que nous progressons grâce aux critiques de nos travaux, ce n'est pas si simple et cela demande réflexion.
Effectivement, s'il suffisait qu'une de nos photos soit critiquée et démontée pour progresser subitement, cela se saurait et ce serait très simple... mais comme beaucoup de choses, cela prend aussi du temps pour digérer, intégrer et modifier en conséquence notre façon de travailler.

Et cela peut prendre plus ou moins du temps, suivant votre ouverture d'esprit et votre aptitude à vous adapter.
Personnellement j'ai eu beaucoup de mal à mes débuts à comprendre certaines critiques de mes photos (qui étaient clairement justifiées et vraies !). 

C'était vraiment très frustrant car j'acceptais la critique; je pouvais même être ouvert et d'accord avec mais je ne voyais pas la même chose et j'avais donc du mal à rectifier.

Alors vous allez me dire que ne pas voir la même chose que les autres quand on est photographe,..... c'est con !

Oui, mais...... pas tant que ça, et avec le recul et l'expérience que j'ai maintenant, je pense avoir une explication.

On pourrait titrer cela non pas "La chance du débutant", mais bien "L'enfer du débutant".

Je m'explique:

Vous êtes un beau débutant tout frais et tout motivé par votre nouvelle activité. Vous avez tout le matos qu'il faut et tout les logiciels pour bien bosser et cartonner (personnellement j'utilise Photoshop, Lightroom et DXO).
C'est bien, sauf que ces logiciels de traitement d'images sont réellement des usines à gaz et qu'il faut des années avant de pouvoir les maîtriser correctement.

Ces logiciels sont tellement puissants que vous pouvez faire absolument TOUT ce que vous voulez. Et tout, ça peut rapidement dériver à N'importe quoi ! Tous ces presets; toutes ces manettes et curseurs à déployer et à manipuler pour donner un look ou un autre à notre photo nous rendent facilement dingue, et au final on ne voit plus rien, pensant que notre photo tient la route et qu'elle est canon !

Sauf que pour le profane qui n'y connaît rien, et bien votre photo passée à la moulinette des logiciels va lui faire saigner des yeux et grincer des dents !!

Pas de panique (car oui perso j'ai beaucoup paniqué quand on me disait que je faisais de la merde et que je ne le voyais pas !); il faudra continuer à produire, à travailler et à vous nourrir d'image, à accepter les critiques même si vous ne les comprenez pas au début.

Le temps de l'apprentissage fera son oeuvre, et un beau matin vous vous rendrez compte que vos images plaisent, qu'elles sont de plus en plus naturelles tout en étant très travaillées.


Personnellement, aujourd'hui après huit années de photo intensives en tant que professionnel, je suis arrivé à une analyse fine de mes photos. je suis en mesure de les proposer à de grands et importants acteurs de l'immobilier de prestige car je sais non seulement qu'elles plairont, mais aussi qu'on continuera à les critiquer, mais de façon plus subtil et profonde, ce qui m'amène toujours plus loin dans mes analyse d'image et de rectification.

La différence bien sûr c'est que maintenant je vois, et même je peux pratiquement anticiper ce que l'on va me dire lorsque je présente mes photos à un nouveau partenaire. Je suis alors capable de comprendre et d'adapter très facilement la demande de mon client pour une pleine satisfaction qui débouche en général sur un partenariat de longue durée.


CONCLUSION.

La progression dans notre métier est une vrai discipline qu'il faut prendre au sérieux et surtout qu'il faut traiter comme n'importe quelle autre tâche: on la planifie et on la travaille afin de tendre vers notre objectif de maîtrise.

Bien sûr, si vous êtes seul comme moi, vous aurez des milliers de choses à faire et vous ne pourrez pas vous entraîner tous les jours (mais est-ce bien nécessaire?). Il y aura aussi les jours de shootings avec les jours de post-traitement pour les clients, et çà ça passe toujours en priorité.

Mais tout est faisable, et comme toujours au début, le plus difficile c'est de commencer et de s'y tenir !

N'hésitez pas à planifier des jours off pour digérer et surtout pour vous laisser tranquille et respirer. Tout comme le sommeil est important pour votre cerveau afin de faire "les mises à jours", vos journées de détente le sont tout autant pour prendre du recul et rectifier ou améliorer par la suite.

Beaucoup de travail et d'autodiscipline vous seront demandés pour progresser, mais c'est le prix à payer pour pouvoir vous distinguer et que votre nom soit dans les carnets d'adresses des meilleurs clients de votre domaine d'expertise........

Croyez-moi sur parole, ça en vaut la peine !

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